Alors qu’il était désigné personnalité 2019 des clubs Richelieu de Belgique et du Grand-Duché, il a fallu 4 tentatives dont les premières devaient se dérouler à la citadelle, sur les traces de Vauban, contemporain de Richelieu pour enfin fêter Jean Germain au Prieuré d’Anseremme.
Après des grammairiens comme Joseph Hanse ou André Goose, des linguistes comme Jean-Marie Klinkenberg, présent, des illustrateurs comme René Hausman et Marcel Marier, des artistes comme Julos Beaucarne, Bernard Tirtiaux ou des personnalités comme Jacques Mercier et Bruno Coppens, des écrivains comme Henri Vernes et Armel Job, tous les 2 ans, la personnalité Richelieu est attribuée par l’ensemble des clubs des régions Belgique-Luxembourg du Richelieu International Europe.
Près d’une centaine de personnes étaient réunies en cette semaine de la francophonie au Prieuré d’Anseremme avec la chorale des Joyeux Quarteniers comme intermède musical. Ceux-ci ont d’ailleurs terminé leur première partie en interprétant la langue de chez nous d’Yves Duteil !
Comme l’a rappelé Jacqueline Focant, présidente du Club Richelieu de Dinant, « Enfin, nous sommes réunis pour fêter le 31e prix Richelieu et notre club est fier que son dossier de candidature en faveur de Jean Germain ait été retenu. Ensemble, nous partageons l’amour du français dans la paix et la fraternité. Ayons donc une pensée aux populations proche de l’Europe qui souffrent actuellement ! Nous sommes un peu comme les mousquetaires de la langue française. Nos clubs ont pour mission de défendre et de promouvoir de la langue française et d’être au service de la jeunesse par des actions de type sociale, éducatif, culturel et humanitaire (parrainages d’élèves au Vietnam, Cambodge, Haïti et Sénégal, festival de théâtre francophone en France et Roumanie, …). Nous sommes en quelque sorte un trait d’union entre tous les francophones. «
Plusieurs personnes se sont ensuite succédées au micro : Annie Liétart, l’actuelle coordinatrice des clubs franco-belge, Michèle Quain, l’ancienne coordinatrice qui a présenté Jean Germain à sa table, Jean-Marie Klinkenberg, lauréat 1998 qui a décrit Jean Germain comme anthropologue, passeur et homme d’action, Patrick Evrard, un ami de Jean qui a appris l’origine du nom des rues lors de leurs promenades et enfin, Françoise Bal, l’épouse de Jean Germain qui a relayé les témoignages de nombreuses personnes qui collaborent avec son mari au dictionnaire Patromanica Romanica qui étudie les noms de famille romane à partir du latin dans 7 pays.
Un peu plus sur Jean Germain
Jean Germain, amoureux des noms propres, qu’ils soient de lieu ou de famille, qu'ils soient wallons ou français, est né à Spontin (dans la vallée du Bocq). Depuis 1976, il habite le petit hameau de Vincon (commune de Ciney), proche de son village natal où il reste très actif.
Il y coule des jours heureux aux côtés de Françoise, son épouse, fille du regretté Willy Bal, qui a été durant près d’un demi-siècle, membre de l'Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique et de la Société de Langue et de Littérature wallonnes.
Après avoir obtenu son diplôme de Licence en philologie romane à l'UCL en 1971, à l'époque du Wallenbuiten et sous la direction d'André Goosse, il rejoint directement l'Université de Louvain, comme bibliothécaire et comme chercheur, à Louvain d'abord, à Louvain-la-Neuve ensuite.
En 1987, l'UCL qu'il ne quittera pas jusqu'à sa retraite en 2009, lui accorde l'assimilation au doctorat en philosophie et lettres sur la base de son activité scientifique et de ses nombreuses publications.
Directeur de la Bibliothèque générale et de sciences humaines à Louvain-la-Neuve jusqu'en 2009, il est aussi Co-directeur d’un projet européen étudiant l’origine et l’histoire linguistique des noms de famille français, espagnols, italiens…, secrétaire depuis 1984 de la section wallonne de la Commission royale de Toponymie et de Dialectologie, membre depuis 1983 de la Société de langue et de littérature wallonnes à Liège et Président d'honneur des Rèlîs Namurwès,
Jean Germain est particulièrement connu comme spécialiste de l’étude du wallon namurois, de l’étude des noms de lieu ou toponymes de Wallonie, de l’étude des noms de famille en Belgique et en France et de l'étude de la littérature wallonne, quatre matières qu’il enseigna à l’UCL de 1998 à 2010 au sein du département d’études romanes. Depuis plus de 40 ans, cet observateur insatiable et analyste curieux ne cesse de scruter aussi notre langue française, si belle mais parfois si compliquée, notamment dans sa composante régionale. Aujourd’hui, on ne compte plus les publications de Jean Germain; il est en effet l'auteur de nombreuses études en toponymie, en onomastique personnelle et en dialectologie wallonne.
Il a entre autres constitué, avec Jules Herbillon, un Dictionnaire des Noms de Famille en Belgique romane qui a connu deux éditions, toutes les deux épuisées et presque introuvables en antiquariat.
Et, s’il faut bien avouer que certains titres paraissent pour le moins … énigmatiques, il faut également reconnaître que cet érudit sait aussi se mettre à la portée de tous pour faire partager son amour des mots et des noms lors de ses nombreuses conférences : si vous avez un jour rêvé de connaître l’origine de votre nom de famille ou sa diffusion, si vous êtes curieux de l’origine du nom de votre village, si vous envisagez d’étonner vos amis et connaissances par votre maîtrise des gentilés (noms donnés aux habitants d’une localité ou d’une région) … alors Jean Germain sera votre référence !
Membre de plusieurs sociétés ou comités tant belges qu’internationaux, Jean Germain a été distingué à plusieurs reprises, entre autres avec le titre de Namurois de l'année en 2009 dans la catégorie « Patrimoine ». Au début de l’année 2019, c’est la Société française d’Onomastique qui, ainsi que l’a rappelé plus haut la Présidente de la Coordination, l’honore en octroyant, pour la première fois, le Prix Dauzat à un Belge.
Avant de recevoir son diplôme et une œuvre d’art sous la forme d’un livre en pierre bleue sculptée par Guy Deltour, Jean Germain a rappelé toutes les étapes de sa vie avec beaucoup d’humour (habiter Vincon, le village français qui avant de s’appeler Richelieu était Richeloc, …) que Richelieu était l’instigateur de l’académie française, qu’il se considère plus comme un historien de la langue qu’un linguiste et qu’il est important de parler une langue de culture et d’une langue régionale.
Pendant l’apéritif, chacun a pu déguster la flamiche servie par la Royale Confrérie des Quarteniers de la Flamiche dinantaise.
Commentaires
Félicitations pour cette très belle récompense bien méritée.