Né il y a près de cent ans dans le petit village de Conjoux, poète, nouvelliste, romancier, dramaturge, essayiste, caricaturiste, compositeur, aujourd’hui injustement plongé dans l’oubli, la ville de Ciney a tenu à rendre hommage à celui qui a toujours aimé revenir dans son Condroz natal.

C’est en présence de membres de la famille de Gaston Compère, de ses amis les plus chers, de nombreux habitants de Conjoux et d’un public qui avait envie d’en savoir plus sur l’homme que s’est déroulée cette séance d’hommage présidée par Jean-Marc Gaspard, échevin du patrimoine culturel : « je suis particulièrement heureux de lui rendre hommage, c’eut été un sacrilège de ne pas se souvenir de Gaston Compère et de le sortir de l’oubli, lui qui fut tant un écrivain qu’un compositeur des plus prolifiques. Merci à ses amis Jean-Pol Barras et Pascal Vrebos, c’est grâce à eux que cette séance a été organisée ! »
Yves Namur, secrétaire perpétuel à l’Académie Royale de langue et de littérature française de Belgique, a évoqué son œuvre : « la mémoire d’un écrivain meurt souvent quand il décède ! Néanmoins, une rue porte depuis 2022 ! Né le 27 novembre à Conjoux et décédé à Uccle le 14 juillet 2008, il a écrit une soixantaine de livres : des nouvelles fantastiques en 1974, la Femme de Putiphar, prix Jean Ray en 1975, le portrait d’un roi dépossédé en 1978, prix Rossel, les jardins de ma mère, souvenirs du Vieux Condroz, … Grand épistolaire, il s’est aussi frotté à la poésie, aujourd’hui, œuvre introuvable ! Il a même écrit une bande musicale d’un film ! »
Jean-Paul Dessy, violoncelliste, compositeur et chef d’orchestre : « nous étions à 40 ans de distance dans la même classe à Saint-Quirin à Huy ! A l’âge de 16-17 ans, il a composé l’œuvre que vous allez écouter. Pendant des décennies, il a cessé de composer, puis, a repris dans les années 80 quand je l’ai rencontré. »
Pour Jean-Pol Barras, ancien délégué général de la Communauté française à Paris et ami de l’écrivain, « si vous écrivez à la ville de Charleville pour avoir des infos d’Arthur Rimbaud, vous ne recevrez pas grand-chose ! Idem à Grenoble au sujet de Stendhal ! Tous les deux n’aimaient pas leur ville ! Ce n’est pas le cas avec Gaston Compère car il aimait Ciney et son Condroz natal. Quand il a quitté Ciney pour vivre et travailler à Bruxelles, il n’a jamais oublié ses terres de naissance où il revenait souvent ! En 1977, il est lauréat du Prix du Conseil culturel français et, en 1988, pour l’ensemble de son œuvre, le Grand Prix International d’expression française. »
Pascal Vrebos, auteur dramatique, également ami de l’écrivain, imagine de dialoguer avec lui. Il a évoqué son je t’aime moi non plus avec l’Académie : « comme il écrivait sous un pseudo dans le journal PAN, il s’est moqué d’un livre écrit par Georges Sion, le secrétaire perpétuel de l’époque. Malheureusement, le secret a été éventé. Ce fut une des raisons pour lesquelles il n’a jamais pu entrer à l’Académie ! Je l’ai rencontré quand j’avais 23 ans et lui 50 lorsqu’il a traduit l’Apocalypse de Saint Jean. Nous avons écrit un livre ensemble, le fouille merde, résultat d’un échange de lettres pendant un an sur la merde sous toutes ses formes ! Sa fin de vie fut difficile ! Je garde un Compère complice ! »

Sophie de Tillesse, cantatrice, qui a rencontré Gaston Compère dans les années 80 a interprété un extrait d’une œuvre qu’il a créée pour elle Serres Chaudes, accompagnée par Cécile Dumont, pianiste du Conservatoire.
Jean Loubry, ancien professeur au Conservatoire de Ciney a lu des extraits de l’œuvre de l’écrivain Une enfance en Condroz écrit en 2000 et Europe mon amour, écrit en 1960.
Enfin, avant le drink et la découverte d’une exposition de livres, de partitions et d’autres documents sur l’auteur cinacien, le public présent a eu l’occasion de l’entendre, en regardant quelques photos le concernant.

Le 27 novembre, date anniversaire, sortira un cahier spécial du Royal Cercle Historique de Ciney réalisé par Amand Collard, son président. Outre un article de Pascal Vrebos, une brève bibliographie, les partitions interprétées lors de la séance d’hommage et une série de belles caricatures réalisées par Gaston Compère, l’ouvrage contient une centaine de pages de la correspondance entretenue entre Jean-Pol Barras et Gaston Compère pendant les dix dernières années de sa vie : plus de 2.000 pages dont Jean-Pol Barras a extrait la substantifique moelle. Jamais ces lettres n’ont été diffusées dans le domaine public ! Elles permettront certainement de mieux connaître Gaston Compère. Ce cahier spécial sera mis à la disposition au Centre Culturel, à l’office du tourisme et à la bibliothèque. Des exemplaires seront également donnés aux établissements scolaires de la commune afin de faire découvrir ou redécouvrir ce personnage aux multiples facettes. Les personnes désireuses de se procurer ce cahier spécial peuvent prendre contact avec Amand Collard à Haversin (amand.collard@skynet.be, 083.68.89.20).

Pierre Henri Roland, premier échevin, a ensuite retracé l’histoire de cet endroit idéalement situé au cœur de la commune, au centre du village de Hamois, à proximité du Ravel et de l’ancienne gare : « à la fin de la seconde guerre mondiale, situé le long de la ligne 126 reliant Ciney à Statte, il servait de dépôt de marchandises. Dans les années 60, c’est la famille Wathelet qui s’installa où se trouve le Tôt ou Tard pour construire le bâtiment dans lequel nous sommes. Sa fonction première était le stockage d’engrais et de céréales. Le 12 novembre 1962, la ligne fut supprimée, mais le site continua à être utilisé comme entrepôt. Il fut ainsi racheté par la société Interagri, aujourd’hui intégrée par la SCAM pour le stockage de semences et d’engrais dans le secteur agricole. Dans les années 60, la commune de Hamois a décidé d’acheter le bâtiment pour y stocker le sel pour le service hivernage, du tarmac et du charroi. En 2005, un montant de 50.000 euros a été alloué pour rénover l’enveloppe extérieure : bardage, toiture et rampe d’accès ont été réalisés. Cinq ans plus tard, Luc Jadot et José Taton prendront le relais pour faire évoluer le dossier. Aujourd’hui, on peut constater que l’atelier de Cheumont répond parfaitement au besoin du service. »
Enfin, avant le traditionnel couper du ruban, David Jadot, échevin du patrimoine et architecte, exposa les tenants et les aboutissants du chantier : « l’architecture, on n’en parle pas assez ! Aucune ligne dans les manuels scolaires et donc aucune éducation à la vision de l’architecture. Elle organise, construit, pense la manière dont nous nous approprions les espaces de vie… L’architecture a également un rôle dans l’image. Ici, nous avons voulu offrir un bâtiment moderne qui reflète l’image, le standing que l’on veut insuffler à notre service Travaux, une image de modernité tournée vers l’avenir. Vous allez bientôt pour découvrir toute la partie bureaux, accueil, vestiaires, salle de réunion, réfectoire, … qui offrent à notre personnel un magnifique cadre de vie. Le budget total est de 1,1 million d’euros dont 250.000 de subsides PIC et 36.000 pour le mobilier. Le déménagement est prévu dans les prochains jours ! »


Gaby Labar, grand Bailli de la confrérie s’est adressé au nombreux public présent dans la salle de la Fanfare (plus de chaises libres !) : « Quand on me sonne que l’on vienne, car de treize, je suis la neuvième. Marguillier ! Sonnez la cloche décimale pour que bailli, maîtres, compagnons, aspirants, bourgeois, paysans, serfs et gueux puissent l’ouîr au castel, au moulin, à la cense, à la brasserie et dans nos dépendances d’Asteneur et du pré Monin. » 




François Beck, président de la Ronde des Saveurs, a remis un chèque de 1.000 euros aux co-présidentes du comité des parents de l’école communale d’Achet et à François Laborne, son directeur. 
