Les personnes invitées pour l’inauguration officielle de la zone humide ont eu la possibilité de la découvrir, à leur aise, à pied, tout au long d’un sentier PMR le bordant en s’arrêtant devant 3 témoins.
Bruno Belvaux, directeur du Domaine se souvenait quand il arrivé en 95 que les caravanes allaient jusqu’au bout de la vallée de la Molinia et l’extraordinaire biodiversité qu’elle renfermait a été enterrée vivante en 69 : « pourtant sur la carte de Ferraris, apparaît une zone humide avec des joncs et même un gué. En asséchant, plus de bassin d’orage. C’était un énorme problème paysager car le ruisseau était canalisé et le paysage illisible. Avec Benoît Fondu, architecte paysager, nous avons imaginé un projet dont le coût s’élèverait à 1,2 millions d’euros. En 2012, les castors nous ont montré la voie, puis les aigrette, les rats d’eau, … Avec ce projet, nous avons réconcilié l’humanité et la biodiversité, recréé un ruisseau, 500.000 m3 d’eau ainsi envoyées vers les vagues phréatiques. Pour l’entretien de la zone, nous couperons tout ce qui est ligneux pour garder des espaces ouverts."
Pour un représentant des eaux et forêts, les tourbières, les estuaires, les coraux, … constituent des zones humides d’un très grand intérêt pour la biodiversité. Ce sont des zones très fragiles car très riches. De 1970 à 2015, 1/3 des zones humides ont disparu et 2/3 en Wallonie !
Nathalie Fonder, du Service Technique Provincial, a rappelé que le site est au confluent de 2 cours d’eau, la Molinia et le Miveau : " la Molinia coule dans son cours mineur, le cours majeur a été bien calculé pour qu’il n’y ait pas d’eau, la plupart du temps sur le sentier PMR ainsi que sur le passage à gué pour les voitures ou les piétons. Afin de permettre un niveau d’eau le plus constant et le plus haut possible dans la zone humide, un déversoir en touches de piano en aluminium a été installé (première mondiale en aluminium !)."
Tanguy Dumortier a été le premier à prendre la parole. Pour le présentateur du Jardin Extraordinaire, « cette zone humide est une tuerie ! C’est l’idée complètement folle d’un visionnaire ! Elle permettra aux libellules, dont les larves sont nées dans la fange, d’y déployer un jour leurs ailes ! J’ai hâte de patauger dans la boue ici avec mes deux filles ! »
Comme la ministre wallonne Céline Tellier ne pouvait être présente, c’est France Masaï, sénatrice Écolo cinacienne qui l’a représentée : « en Wallonie, tous groupes confondus, 31 % des espèces sont menacées de disparition à l’échelle de la Région. Près de 9 % ont déjà disparu. Chez les chauves-souris, les poissons, les reptiles, les papillons de jour et les libellules, plus de la moitié des espèces sont en situation défavorable mais nous avons des raisons de croire à une amélioration de la situation !Les mesures de protection ou actions de restauration comme cette restauration d’une zone humide des projets LIFE améliorent la situation et permettent parfois de faire revenir certaines espèces. Notre objectif est d’enrayer le déclin de la biodiversité régionale dès 2030 (84 millions sont dans le cadre du Plan de reprise et de résilience) et d’aboutir à terme à une biodiversité préservée, restaurée, reconnue pour sa valeur ainsi que pour sa contribution à la prospérité de notre société et au bien-être humain.
Un lien fort à la nature, c’est aussi l’expérience que nous propose de vivre le domaine de Chevetogne : un tourisme social et environnemental, dans un cadre exceptionnel et une nature préservée. Ce projet de zone humide allie qualité environnementale et sociale. La création d’un sentier PMR et la sensibilisation de la nature (elles seront développées dans les 2e et 3e phases du projet) font partie de la qualité sociétale du projet. Une partie du site désimperméabilisée, la réhabilitation des cours d’eaux, le choix des essences adaptées et l’attention à la biodiversité font partie de la qualité environnementale du projet. »
Pour Geneviève Lazaron, députée provinciale en charge du domaine, « une zone humide, quelle idée, certainement une idée de Bruno Belvaux, son directeur dont l’ambition est de faire de ce parc, un lieu d’exception accessible à tous. Ce projet est aussi le projet de toute l’équipe de Chevetogne. Il a été accepté par le Collège lorsque le député président Jean-Marc Van Espen l’a présenté en janvier 2016 ainsi qu’à l’unanimité devant le conseil provincial. D’un budget estimé à 2 millions d’euros, le ministre wallon René Collin annonçait en décembre 2016 que 1,2 millions étaient engagés, complétés 240.000 euros par Madame de Bue en janvier dernier… Les impacts de cette réalisation sont multiples, touristiques, environnementaux, pédagogiques, mais aussi source de bien-être. Bravo à tous pour cette réalisation qui est une plus-value pour le Domaine. »
La députée a aussi abordé les tensions existantes et des inquiétudes du personnel : « dans un certain sens, nous partageons ces difficultés. La réforme imposée aux provinces par le Gouvernement wallon, impacte l’ensemble du fonctionnement de notre institution et rend notre gestion difficile. Tous nous voulons et croyons en l’avenir de ce Domaine ! »
Intervention ensuite du député président Jean-Marc Van Espen qui a notamment invité tout un chacun à signer la pétition lancée contre la privatisation du Domaine que son propre Collège envisageait et d’un représentant syndical pour terminer par le discours de Bruno Belvaux.
La partie officielle s’est achevée par l’arrivée des 3 marcheurs des classes de forêt qui terminaient leur 100 km et symboliquement avec le personnel et un grand nombre d’invités qui ont arboré le tee-shirt blanc, « Chevetogne, c’est nous, Chevetogne, c’est vous » !
Pour les personnes désirant en connaître davantage sur cette zone humide, un ouvrage de 160 pages vient d’être édité sur l’histoire et sa restauration écrit par Tanguy Dumortier, Bruno Belvaux, Marc Dufrêne, Etienne Cellier, Nathalie Fonder, Pierre Hanse, Luc Cleeremans, Nicolas Pierrard et Angeline Sevran. Il est en vente au prix de 10 euros au shop du Domaine.